Paul McCartney: paroles et souvenirs

18 videos • 12 views • by Mr. Mojo Risin Souvent sollicité. Toujours décliné. Les rapports de Paul McCartney avec les maisons d’édition, a fortiori les autobiographies sont de ceux que l’on pourrait qualifier d’acte manqué. Ce n’était jamais le bon moment. Jusqu’au jour où le bassiste le plus connu au monde réalise que sa vie était déjà écrite, qu’elle se trouvait dans les paroles de ses chansons ! “Je n’ai jamais tenu de journal intime ; en revanche, j’ai mes chansons qui m’aident à ne pas oublier”, confie-t-il. Après cinq ans de travail et cinquante heures d’interviews, aidé du poète nord-irlandais Paul Muldoon, le résultat se nomme “Paroles & souvenirs de 1956 à aujourd’hui”, et comporte 161 chansons, de “I Lost my Little Girl” (écrites par McCartney à quatorze ans) à “Despite Repeated Warning” en 2018. Au gré de l’effeuillement de ces paroles, tout y passe : le décès de sa mère, l’influence des mots et des notes (le jazz et la basse) par son père, la rencontre avec John Lennon, des premiers tubes pour les fans (“All my Loving”, “From me to you”…) aux chansons de la maturité ; l’influence de Lewis Carroll et Dylan Thomas, l’importance de “Eleanor Rigby”, “Yesterday”, “Maybe I’m Amazed”, “Live and Let Die”… mais aussi les rencontres et les modèles : Buddy Holly, Little Richard, Elvis Presley, Alan Durban (son professeur d’anglais au lycée), Bob Dylan, Linda Eastwood et surtout John Lennon. S’il est relevé haut la main, le “défi consista(i)t à revisiter et décortiquer chaque chanson, une analyse qui m’a fait découvrir des motifs, des patterns, dont j’ignorais l’existence”. Ainsi, on apprend que la Rita de “Lovely Rita” est une véritable contractuelle, que la Martha de “Martha my Dear” est un chien, que les crimes et délits ont baissé lors du passage des Beatles au Ed Sullivan Show (même les voleurs faisaient partie des 73 millions de téléspectateurs américains qui ont découvert le groupe le 9 février 1964 !), que “I Saw Her Standing There” est l’une des chansons préférées de Paul (alors que pour Liza Minnelli, c’est “Maybe I’m Amazed”), que Paulo n’a jamais écrit une ligne de basse, qu’à 21 ans, en tournée Moss Empire à travers la Grande-Bretagne, Roy Orbison lui a joué l’ébauche de “Pretty Woman”, qu’il composait (et qu’à leur tour, Paul et John lui ont montré “From me to you” !), que le ch-ch-ch-change de “Birthday” est inspiré des Who (“My Generation”), ou encore que Macca avait toujours nourri en secret le rêve de composer un générique de James Bond… Au final, l’ouvrage donne une image assez précise de l’auteur, comme si chaque chanson illustrait un aspect différent de Paul McCartney. Comme un puzzle : “Petit à petit, j’ai commencé à envisager chaque chanson comme un nouveau puzzle. Chaque morceau mettait en lumière une étape de ma vie. […] Les fans, les lecteurs, voire les critiques musicaux, qui aimeraient en savoir plus sur ma vie doivent lire les paroles de mes chansons, des textes qui révèlent sans doute bien plus de choses que n’importe quel ouvrage consacré aux Beatles”. Paul McCartney, Paroles & souvenirs de 1956 à aujourd’hui, Buchet Chastel, 2023.